La sortie de la brindille, avant l'enfouissement

Ci-dessus, un asphodèle
desséché ayant été foré par
une cigale pondeuse.
Souvent, vers la fin octobre, les nuits deviendront de plus
en plus fraîches. Dans la brindille, les œufs
commenceront à avoir froid. Et puis, comme ils auront
grandis, ils se retrouveront confrontés à un sérieux
manque de place. Sortir de cette petite prison deviendra vite
une évidence.
Alors, les œufs, à force de trémoussements
et de contorsions, arriveront péniblement à se
hisser jusqu'à la sortie, forée
jadis par maman cigale. Ils sortiront l'un après
l'autre.

Quand enfin ils auront réussi à s'extraire,
ils tomberont de la brindille et resteront suspendues par l'abdomen
à un cordon très fin. Un peu comme une petite
araignée qui s'arrêterait brusquement sur son fil.
Elle se feront balancer par le vent dans cette position plusieurs
heures durant, voire une journée... jusqu'à ce
qu'un coup de vent plus violent que les autres ne les fassent
choir sur le sol.
Pourquoi rester pendue ainsi et aussi
longtemps ? C'est sans doute de cette façon que les futures
cigales raffermissent leurs petits corps, doux et fragiles,
avant le rude choc avec le sol aride. Leur peau fine et délicate
se raffermira au contact de l'air, et quand le moment sera venu,
le lien se brisera. Elles apprécieront alors d'avoir
la peau un peu durcie, quand viendra le moment d'affronter et
de creuser la terre... rocailleuse et acérée !

A peine
arrivée sur le sol, elles ne creuseront pas tout de suite
leur terrier. Elles feront d'abord connaissance avec le nouveau
monde avant de creuser la terre pour s'y enfouir. Ce sera leur
façon à eux de se protéger du froid de
l'hiver et aussi des nombreux prédateurs.
La
petite larve, après être sortie de sa brindille
protectrice, va donc s'enterrer pour échapper aux froidures
de l'hiver. Grâce à ses robustes pinces antérieures
elle commencera à en gratter la surface. Elle détachera
un morceau de terre, puis un autre et ainsi de suite jusqu'à
l'obtention d’un joli petit trou noir.
Les six pattes s'activeront
en synchronisation parfaite. Les deux pattes de devant creuseront
; excaveront ; descelleront, tandis que celles du milieu assureront
le nettoyage. Ils balayeront les gravats vers les membres postérieurs
qui repousseront le tout loin derrière, vers le dehors,
tout en prenant un solide appui. Petit à petit, sa tête
disparaîtra, puis son corps, puis son abdomen puis tout
son être.
Circulez, il n'y a plus rien à voir. La terre vient de
l'avaler... à peine un
léger monticule pour témoigner de son furtif passage.
Petite
vidéo de Thierry Lamarque montrant la sortie de l'oeuf
avant l'enfouissement sous terre
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