Sortie d'une nymphe, de son terrier à la lumière

A quelques jours de sa sortie à l'air libre, la petite
nymphe monte et descend sans arrêt le long de sa galerie,
qu'elle aura construite verticale pour l'occasion. Cette dernière
galerie ressemble un peu à une cheminée. On pourrait
apercevoir au fond de cette cheminée, un petit séjour,
avec racines et tout ce qu'il faut pour se sentir à l'aise.
Tout en haut du conduit, la fragile «peau»
de terre. La future cigale n’arrête pas de grimper
pour consulter la météo. Cette petite épaisseur
de terre, entre l'air libre du dehors et l'intérieur
de sa cheminée, lui suffit amplement pour connaître
toutes les conditions climatiques et hygrométriques extérieures.
De cette place, elle sait le temps qu’il fait à
l’extérieur et recevra le signal... pour sa rencontre
avec la lumière.
Certaines espèces de cigales,
construisent dans le prolongement de leur cheminée, une
sorte de margelle, dépassant de quelques centimètres
le niveau du sol ; sans doute pour pouvoir consulter le climat
avec davantage de précision. D'autres encore –
il s'agit de variétés tropicales – vont
même jusqu'à construire des «tours»
atteignant jusqu'à quarante centimètres de haut.
Le corps le la nymphe, prête à sortir, est encore
devenu plus foncé. Ses yeux sont maintenant devenus noirs.
Elle est à présent mûre pour sa venue au
soleil. Sans plus attendre, elle
donne une secousse à l'aide de sa tête, deux ou
trois coups de griffes et le mince plafond disparaît.
Les gravats tombent avec un bruit sourd dans les profondeurs
de la cheminée.
Lumière !
Entièrement envahie par cette clarté aveuglante
traversant son cerveau, elle se hisse au dehors, avec l’impression
de naître dans une nouvelle vie. Une vie éblouissante
de lumière. Elle sort de son terrier en titubant, tant
elle est aveuglée par cette puissante lueur diaphane.
Le promeneur serait bien étonné de voir sortir,
d'une terre aride et sèche sur laquelle il n'a pas plu
une seule goutte depuis plus d'un mois, un insecte complètement
trempé de la tête aux pattes ! Ce n'est pas la
sueur qui l'inonde à ce point et elle n'a pas pris de
douche non plus. Souvenez-vous ? une larve de cigale est toujours
mouillée.
C'est ainsi qu'elle peut progresser dans le sol dur et aride.
Elle se dégage entièrement de sa mine, sale et
maculée de boue du haut en bas, ce qui semble normal
puisqu'elle vient des profondeurs obscures et abyssales de la
terre... particulièrement habits sales ! ! ! Chose étonnante,
elle laisse derrière elle un trou impeccable ; comme
si la terre avait été perforée à
l'aide d'une perceuse et que l'on en aurait soigneusement balayé
tous les déblais. (voir photo du bas).
...
Mais c'est logique, puisque les gravats de son plafond sont
tombés à l'intérieur du puits. Un bel orifice
rond, propre tout autour.

Ci-dessus, un trou laissé par une nymphe partie faire
son imago. Vous avez déjà dû en voir dans
certaines cours de ferme ou certains chemins de terre battue,
particulièrement où le soleil cogne très
fort.
Le
compte à rebours vient de commencer. Il ne faudrait pas
qu'elle traîne en cours de route, car elle représente
une proie
facile pour n'importe quel prédateur
cherchant un bon repas. Si jamais elle devait faire une mauvaise
rencontre elle aurait toujours la possibilité de revenir
en arrière pour redescendre dans son conduit, si les
circonstances lui permettent. Ce ne serait pas la première
fois, – en cas de danger – qu’une nymphe fasse
demi-tour et redescende dans sa mine pour y trouver refuge.
Mais le but n'est pas là. Le but sera de s'envoler.
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