Les nombreux prédateurs de la cigale

Bébé
cigale n'a pas eu la chance de sortir de son exuvie. A peine
sa carapace fendue, une
guêpe est venue prélever sa viande toute neuve
et juteuse pour aller nourrir ses petits. (A titre indicatif,
les guêpes ne sont pas carnivores, c'est leurs larves
qui le sont. Les guêpes adultes se nourrissent de nectar
et de choses sucrés et de rien d'autre. On peut voir
ci-dessus une maman guêpe faire ses courses au super marché
du coin, « La Cigale », pour nourrir ses carnivores
d'enfants... sales gosses !)
Pondeuse
émérite et généreuse, la cigale
est une espèce très convoitée qui alimente
– bien involontairement – beaucoup de monde, dont
les fourmis... tout l'inverse de la fable de La Fontaine.
Elles ne sont pas les seules. Certaines sauterelles les chassent
durant le sommeil,
les mantes religieuses les guettent, les guêpes, les
moineaux... et tout être vivant ayant une petite faim
comme le montre la photo ci-dessous. Cette photo a été
prise le 17 septembre 2007 à Porquerolles. La victime
– qui a déjà perdu la tête –
est une cigale femelle, qui a probablement été
surprise pendant qu'elle pondait ses œufs.

Les
prédateurs ne manquent pas, particulièrement les
oiseaux. Ils viennent fréquemment apprécier les
apéritifs concert des cigales... en les prenant pour
des cacahuètes !
Les mâles – comme dit précédemment
– sont beaucoup plus exposés, puisqu'ils indiquent
exactement l'endroit où ils se trouvent ! En plus, ils
chantent très fort. Dans le livre
des records, la cigale est l'insecte le plus bruyant de
la planète, c'est vous dire...

Ci-dessus,
une cigale femelle prise dans une toile d'araignée. Cela
arrive souvent. Comme elles ont des ongles et des piquants pleins
les pattes, elles se mettent de la toile – collante comme
de la glue – partout et meurent souvent d'épuisement.

La cigale et la fourmi dans
la réalité. Qui profite de qui ? Le dos de cette
nymphe vient tout juste de se fendre, que déjà
les fourmis sont attirées par l'odeur de chair fraîche...
mourir avant d'avoir vu le soleil sera le lot de cette pauvre
nymphe.
Le
génocide des cigales commence déjà durant
la ponte.
Seulement
cinq pour cent des 400 œufs ainsi pondus arriveront à
terme et deviendront plus tard des adultes. Cinq pour cent !
c'est peu. Les responsables en sont les nombreux prédateurs,
entre autres, le chalcidite. L'entomologiste Jean-Henri Fabre
et même Réaumur ont déjà relaté
l'œuvre dévastatrice de ces petites bestioles que
sont les chalcidites.
Le chalcidite est une sorte de petite mouche noire, pas plus
grande qu'une fourmi, et qui n'attend qu’une seule chose
: que les cigales aillent pondre. Tout simplement pour parasiter
leurs œufs. Il arrive fréquemment que ce petit vampire
injecte son germe pendant même que la cigale y introduit
les siens. Il faut reconnaître qu’elle ne comprend
pas ce que trafique cette minuscule bestiole sous ses pattes
! La mère de ce petit vorace sait que ses plats favoris
sont les œufs de cigales, frais de préférence.
Comme ce bébé là verra le jour AVANT l'éclosion
des œufs des cigales, vous imaginez hélas, sans
trop de peine, la suite.
En réalité ces prédateurs ne savent pas
qu'elles font du tort aux couvées. Quand les tensions
de l'enfantement arrivent, il faut les soulager le plus rapidement
possible. La maman chalcidite ainsi que toutes les autres mamans
du monde n'échappent pas à cette loi de la nature.
Mais ce prédateur n'est
hélas pas le seul exterminateur du futur peuple des cigales.
Les centrodoras, certains acariens et d'autres encore en font
autant !
Pour combattre ces génocides,
la cigale ne possède qu'une seule arme. Elle est pacifique
autant qu'efficace : sa prodigalité.
Rendez-vous compte ! Si chaque femelle donnait réellement
naissance à trois ou quatre cents individus qui eux-mêmes
en feraient autant l’année suivante, où
irions-nous ? il n'y aurait plus que des cigales, des cigales
et encore des cigales... Leur chant sera devenu un fléau,
une catastrophe naturelle ! Le soleil sera obscurci par de nombreuses
hordes, semblables aux nuages noirs, annonciateurs de fin du
monde.
Fort heureusement, nous n'en sommes pas encore à l'ère
de la planète des cigales et l'écosystème
réglé par la nature – qui semble mieux savoir
que nous, ce qu’elle fait – est pour l'instant encore
préservé.
Merci donc à toutes ces mamans chalcidites et autres
prédateurs.
Retirons-nous discrètement sur la pointe des pieds pour
ne pas rompre ce fragile équilibre.
En réalité cet écosystème serait
déjà en train de basculer, mais pas du tout en
faveur de nos petits chanteurs. Le responsable n'est pas ce
vilain moucheron, mais simplement l'homme... un prédateur
de taille !
Ces insectes ayant traversé tant de millénaires,
sont actuellement menacés de disparaître. De moins
en moins de cigales chantent en Provence. Les responsables :
la pollution des terres ; le défrichage des garrigues
dû aux plantations de vignes ; les incendies criminels...

Ci-dessus, le visage la grande
sauterelle (Tettigonia viridissima). Ce prédateur chasse
souvent la cigale la nuit, pendant que cette dernière
dort. Remarquez les couverts, couteaux, fourchettes, autour
de la bouche pour manger ! Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
Ce grand prédateur de cigales peut, lui aussi être
prédaté, et même par beaucoup plus petit
que lui. Voir
la vidéo.

Un autre prédateur,
la mante religieuse qui ne rate jamais une occasion de croquer
de la cigale. Cet insecte n'a peur de rien et attaque sans
crainte des proies bien
plus grandes que lui. Celle-ci, qui en avait sans doute
marre du casting, s'est d'ailleurs même attaquée
à l'objectif de mon appareil photo. Au début elle
essayait de fuir bien sûr, comme toute bête sensée.
Mais devant mon insistance à la photographier, elle décida
d'attaquer.

Quelques secondes avant l'attaque
de l'objectif de l'appareil photo

Pas de complexe, on attaque !
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